Thème : Crise anglophone : Comment les réseaux sociaux ont attiré l’opinion publique sur la prostitution des jeunes filles au Douala (Bonabéri).

PLAN
1- Définition des concepts
2- Introduction
3- Corpus
4- Conclusion
5- Recommandation

1.Définition des concepts

Crise anglophone : Crise socio-sécuritaire qui sévit dans les régions du Nord- Ouest et Sud-Ouest du Cameroun depuis 2016.
Opinion publique : Désigne l’ensemble des convictions et des valeurs, des jugements, des préjugés et des croyances plus ou moins partagés par la
population d’une société donnée.
Prostitution : Le fait de livrer son corps aux plaisirs sexuels d’autrui pour de l’argent et d’en faire métier.
Jeunes filles : Jeune personne de sexe féminin, dont l’âge indéterminé se situe entre l’enfance et l’adolescence.

2. Introduction

Depuis plus de 4 ans, le Cameroun connait une crise sociopolitique, qui sévit dans les deux régions anglophones, le Sud-Ouest et le Nord-Ouest. Cette crise a débuté en 2016 par des revendications corporatistes (avocats, enseignants, étudiants). D’abord les avocats, suivis des enseignants.  Cette revendication s’est progressivement transformée en demande politique, en engendrant une grève et une émeute.   

En effet, certaines « groupes séparatistes » de la zone anglophone, dont les habitants représentent environ 20% de la population camerounaise, dénoncent les frustrations auxquelles ils sont exposés au quotidien, conséquence de leur marginalisation sur le plan nationale. Face à cette situation, ces Camerounais sont entrés dans la logique de créer un Etat indépendant, qu’ils ont baptisé la « République d’Ambazonie ». Le mouvement a pris une tournure explosive que le gouvernement n’a pas tardé à déployer sur le terrain l’Armée pour affronter les sécessioniste. La population a été privé de l’Internet partir du 17 janvier 2017, et ce pendant trois mois, et continue jusqu’aujourd’hui a subi les « villes mortes » imposées par les « sécessionnistes » qui ont le contrôle d’une partie de certaines localités de ces deux régions.

Au cœur de ce conflit qui opposent le gouvernement et l’armée
« amabazonienne », généralement appelée les « Ambaboys », les principales victimes sont les habitants de ces deux régions. Ces populations ne peuvent plus s’émouvoir au quotidien comme par le passé. Elles sont privées des soins de santé et même de l’éducation. Des hôpitaux, écoles et mêmes des maisons ont été brulés. En plus d’avoir causée de nombreux morts, plus de mille, l’instabilité sécuritaire, politique et socio-économique engendrée par ce conflit, a poussé plusieurs familles installées dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest a fui leur village pour trouver refuge dans les régions voisines, principalement à l’Ouest et dans les Littoral. Selon les Nations Unies, plus de 35 milles Camerounais se sont réfugiés au Nigeria et environ 500 000 déplacés internes vivent dans les communautés locales.

La plupart de ces déplacés vivent dans des conditions inhumaines dans leur localité d’accueil. Ils sont généralement en quête du minimum vital, que ce soit les jeunes ou les adultes. Ils dépendent majoritairement des dons des personnes de bonne volonté ou des organisations humanitaires et de la société civile. Cette précarité vitale a entrainé de nombreuses victimes, en majorité des jeunes, en quête de la nourriture, sur des voies parfois dangereuses et de la débauche. 

Dans une enquête diffusée sur la chaîne Canal 2 international, le reporter met en exergue le quotidien des jeunes filles qui ont fui la crise anglophone et qui pour survivre à Douala, la capitale économique, vendent leur corps pour de l’argent. Une situation qui a ému le public, déchainé les réseaux sociaux et surtout poussé les internautes à remettre en question la gestion de cette crise par le gouvernement.

3. Corpus 

Alors que le Cameroun traverse l’un des moments les plus sombres de son histoire, en juin 2019, les réseaux sociaux sont ébranlés par une affaire de prostitution des jeunes filles dans un débit de boisson à Bonabéri dans l’arrondissement de Douala 4e, baptisé Kwassa kwassa. L’information a commencé à circuler sur les réseaux avant de faire quelques semaines plus tard, l’objet d’une enquête menée par le reporter Yasser Trésor Tanon pour la chaine de télévision Canal 2 international.

Dans ce reportage, le journaliste a interviewé trois filles âgées entre 17 at 19 ans, qui se livrent à la prostitution dans un auberge. Les trois ont fui la zone anglophone après avoir perdu les membres de leur famille tués, leur maison qui a été brulé, pour se réfugier à Douala. Une fois à Douala, elles se sont retrouvées sans abri ce qui les a poussés dans la rue. Elle paie la chambre d’auberge à 2000 F Cfa la nuitée et les frais varient en fonction de la prestation sollicité par le client, à partir de 1000 f cfa. 

Sur les réseaux sociaux, la situation a diversement été appréciée par les internautes. Pour certains, les raisons avancées par ces jeunes ne pourront aucunement justifier leur choix de vendre leur corps pour de l’argent. Selon les tenants de cette thèse, le débit de boisson en question qui existe depuis 1997 a toujours hébergé les prostituées parmi lesquelles les anglophones. Un phénomène également observé dans plusieurs quartiers de la ville de Douala. Notamment, Nkané à Akwa et « carrefour j’ai raté ma vie » à Village, à Boulogne en France, qui seront des endroits qui regorgent de nombreuses jeunes filles camerounaises y compris les anglophones. 

Ce reportage n’a pas seulement essuyé des commentaires désobligeants sur la toile.  Il a permis à bon nombre de camerounais de connaître d’autres répercussions sociales de la crise anglophone. Enfin de compte, il n’y a pas que les deux régions concernées qui subissent les affres de cette crise sécuritaire, mais toutes les autres régions camerounaises sont aussi touchées avec le nombre considérable des déplacés internes qui y affluent au quotidien. Ces camerounais ont estimés, comme le prouvent certains reportages sur la crise anglophones que ces jeunes filles tout comme tous les déplacés internes sont lésées par le gouvernement. Selon eux, le gouvernement devait accompagner ces Camerounais qui ont fui la guerre dans leur intégration sociale dans les régions d’accueil.

Cette prise de position des internautes s’est achevée en une pression sur le gouvernement. Ils sont d’ailleurs nombreux qui n’ont pas hésité a interpellé l’Etat sur sa responsabilité à protéger les Camerounais et davantage les jeunes. Elle a également motivé plusieurs organisations à s’impliquer ou à initier des projets d’encadrement des jeunes filles déplacées internes afin d’éloigner ces filles de la débauche. 

C’est le cas de l’action menée par l’Association AETIC au mois de mars 2020, qui a mis sur pied un projet visant la formation gratuite à l’utilisation de l’outil informatique. Cette formation est destinée aux jeunes filles victimes de cette crise et déplacées sous la contrainte dans la ville de Bafoussam et ses environs. Cette activité vise la formation de 80 jeunes filles victimes de cette crise et déplacées dans la ville de Bafoussam et ses environs qui ont abandonné l’école. 

Toujours au mois de mars, le HCR a souligné lors de la conférence de presse au Palais des Nations à Genève, donnée par son porte-parole, Babar Baloch, que pour venir en aide aux réfugiés camerounais au Nigéria et aux déplacés internes au Cameroun, il avait besoin de « 184 millions de dollars parmi lesquels 35,4 millions sont nécessaires pour fournir une assistance vitale de toute urgence

4.Conclusion

Depuis 2016, la vie des populations des régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest connait une instabilité due à la crise sociopolitique qui sévit dans ces deux régions. Une situation complexe, qui socialement a engendré des conséquences néfastes pour l’avenir des nombreux jeunes, désormais privés de l’éducation. Les Nations Unies et plusieurs organisations nationales et internationales ont appelé à un cessé le feu, à la reprise des cours chez les jeunes. 

Depuis 2016, la vie des populations des régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest connait une instabilité due à la crise sociopolitique qui sévit dans ces deux régions. Une situation complexe, qui socialement a engendré des conséquences néfastes pour l’avenir des nombreux jeunes, désormais privés de l’éducation. Les Nations Unies et plusieurs organisations nationales et internationales ont appelé à un cessé le feu, à la reprise des cours chez les jeunes. 

Les mesures gouvernementales prises depuis mars, notamment, la création d’une Commission nationale pour le bilinguisme et le multiculturalisme, de sections Common Law à la Cour suprême et à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature, le recrutement de magistrats anglophones et de 1 000 enseignants bilingues, ou encore le rétablissement d’Internet après 92 jours d’interruption – ont eu peu d’effets. Les figures de proue de la contestation les jugent tardives et insuffisantes. Un cessez-le-feu est nécessaire pour que les Camerounais de ces localités reprennent une vie normale.  

Dans les villes d’accueil, il est urgent d’installer les sites d’accueil des déplacés internes, de mettre sur pied des programmes d’insertion et d’intégration sociale pour les aider à reprendre une vie normale. Ceci permettra d’éviter principalement aux jeunes une vie de débauche dans un environnement qui leur est complément étranger et hostile.  

5. Recommandation 

Bien que la crise anglophone ne soit pas le seul élément précurseur de la prostitution des jeunes filles, l’Etat doit : 

  •  Veiller à la protection des jeunes en général, des   jeunes filles en particulier, et surtout celles venues des régions anglophones ;  
  • Accompagner les organisations de la société civile dans l’encadrement de ces jeunes filles et des déplacés internes globalement ; 
  • Créer de sites d’accueil pour des déplacés internes au niveau des régions ;
  • Multiplier des programmes d’aide sociale pour ces victimes de la crise anglophones. 

Travaux réalisés dans le cadre de la Bourse Africaine de Fact-checking avec le soutien de #rOG-Agency à travers son initiative camerounaise #defyhatenow.

Marie Louise MAMGUE

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