Plusieurs raisons ont motivé le rejet de la candidature de J.A Bell
Au-delà de la double nationalité ayant alimentée les réseaux sociaux sur le rejet de la candidature de l’ancien portier des lions indomptables aux régionales du 6 décembre prochain, après vérifications, d’autres raisons sont évoquées.
Depuis le 23 septembre 2020, un tweet du compte «Parlons foot 237» dans lequel il est écrit : « candidat pour les régionales dans le Littoral, la légende du football camerounais Joseph Antoine Bell a vu son dossier être rejeté pour double nationalité» est abondamment relayé sur les réseaux sociaux. Après vérification auprès du concerné et certains membres du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), parti politique dont il est membre, il ressort que ce n’est pas le seul motif du rejet de son dossier de candidature.
Le dépôt des dossiers de candidatures comptant pour l’élection des conseillers régionaux du 6 décembre prochain s’est achevé le 22 septembre 2020 à minuit dans les agences départementales d’Elections Cameroon (Elecam). Selon l’article 186 de la loi du 19 avril 2012 portant Code électoral, « aucun retrait de candidat, ni aucune modification de la déclaration de candidature n’est admis(e) après le dépôt de la liste». Depuis le 27 septembre, le conseil électoral d’Elecam examine ces dossiers pour déceler les candidatures à problème et ceux qui ne remplissent pas les conditions telles que fixées par la loi.
Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) n’a pas voulu faire partie des organisations politiques qui verront passer le stylo rouge du conseil électoral d’Elecam sur leur liste dans la Sanaga-Maritime. Le dossier de candidature de l’ancien Lion Indomptable Joseph Antoine Bell qui fait les choux gras des médias sociaux depuis une semaine a été rejeté de la liste qui va représenter le Rdpc dans ledit département. Il est remplacé sur la liste par madame Ndika epse Nyetam Nyetam, 1ere adjoint au maire de la commune de Ngambe de 2007 à 2013. Il n’est pas le seul candidat de cette liste à être tombé sur le coup des exigences du parti des flammes fixées par le président national du Rdpc dans une circulaire du 10 septembre 2020.
Au cours de notre collecte pour comprendre ce qui s’est passé, nous avons appris de la commission départemental de réception et d’analyse de la Sanaga maritime que l’ancien directeur de Tradex Pérrial Jean Nyodog et l’ancien directeur général de la Sosucam Louis Yinda ont vu leur nom également être enlevés de la liste. Ils avaient pourtant reçu la confiance de la base. Leurs noms figuraient sur la liste validée par ladite commission départementale ainsi que celle transmise par la commission régionale de contrôle pour l’investiture des candidats du Rdpc du Littoral pour la Commission nationale d’investiture à l’élection régionale présidée par Jean Nkuété. C’est une fois au sein de cette commission que le choix de les remplacer s’est opéré.
Joint par WhatsApp, Joseph Antoine Bell confirme que son dossier a été rejeté. «Comment il y’aurait rejet s’il n’y avait pas de candidature ? En revanche, n’avale pas le motif du rejet et c’est donc là qu’il faut aller à la source pour ne pas colporter de sottise». indique-t-il. Pour le motif du rejet, l’ancien Lion indomptable dans un jargon qui est le sien, nous invite à nous rapprocher du secrétaire général du Comité central. « Par analogie, une liste de joueurs retenue ne comporte pas de noms de joueurs non retenus et sauf à s’adresser au sélectionneur, on n’a pas le motif de la non sélection. En avancer un est de l’amateurisme et de la pure spéculation qui peut être facilement battu en brèche», poursuit-il.
Bataille interne
A sa suite, nous sommes allés à la source. Joint par téléphone, Grégoire Owona, le Secrétaire général adjoint du Comité central du Rdpc depuis 1992, dit qu’il est incapable de nous donner une réponse à cette étape du processus. « A mon niveau, je suis obligé d’attendre la fin de la procédure jusqu’au conseil constitutionnel pour parler de candidature rejetée ou validée».
Contactés par appels téléphoniques, plusieurs militants du Rdpc expliquent la mise à l’écart de Joseph Antoine Bell comme candidat à l’élection des conseillers régionaux dans la Sanaga-Maritime comme la résultante d’une bataille interne au sein du Rdpc. Toutefois, outre le motif officiel qui est la double nationalité, on lui reproche entre autres de ne pas avoir les états de service dans le parti conformément à la circulaire du président nationale. «Bell n’a pas d’état de service au sein du parti. Madame Nyetam qui l’a remplacé travaille au quotidien. Elle a été maire, elle organise des activités pour et au nom du parti», renseigne le Rdpc dans la Sanaga maritime.
Le motif de double nationalité est également confirmé par Hervé Emmanuel Nkom de la commission départementale pour le Wouri, Joint par téléphone. Il indique pour le déplorer que : « Je trouve inadmissible que Bell qui a joué pour la coupe du monde, gagné la coupe d’Afrique avec les Lions indomptables et la Fecafoot comme Camerounais, que subitement parce qu’il veut être candidat comme conseiller régional qui n’est même rien du tout vu son profil, qu’on découvre subitement qu’il est ‘Chinois’ parce qu’on veut éliminer un adversaire. Je trouve cela injuste et il est temps que cela change.»
En rappel, lors du double scrutin comptant pour les législatives et les municipales de 2019, le conseil constitutionnel a rejeté la candidature du RDPC pour les législatives portée par Hervé Emmanuel Nkom dans le Wouri pour « double nationalité ».
Un événement qui a poussé le président dudit parti à durcir le ton pour que de pareilles erreurs ne se reproduisent plus, comme l’indique ce militant de la section du Wouri 5 du parti au pouvoir. « Depuis les récentes élections législatives et municipales, le président national a demandé à ce qu’il n’y ait plus de couacs au niveau de la base. De ce fait, toutes les candidatures se valident dès la base. Si une candidature n’est pas validée dès la base, il est difficile qu’elle passe l’étape du comité central ; ceci pour éviter des polémiques. Et donc tel que prévu par le code électoral Camerounais, il faut être de nationalité Camerounaise pour prétendre être éligible, une fois qu’il y a un soupçon de double nationalité, le dossier est d’office rejeté. C’est ce qu’a subi Hervé Emmanuel Nkom par le passé.»
L’autre curiosité de ce motif de double nationalité c’est que, c’est le même Joseph Antoine Bell qui a présidé la commission de désignation des chefs au régionales dans la Sanaga maritime. En sa qualité de chef traditionnel de 3e degré à Mouandè, un village de la commune de Ngambe, il aurait pu faire porter sa candidature par cette option telle que l’autorise l’article 248 du code électoral qui souligne en son alinéa 2 que le choix du commandement traditionnel s’opère par un collège électoral constitué des chefs traditionnels de 1er, 2ième et 3ième degrés autochtones.
Au terme des élections du 6 décembre 2020, chacune des 10 régions du Cameroun va compter 90 conseillers, dont 70 représentants de département et 20 représentants du commandement traditionnel.
Travaux réalisé Par Armelle Sitchoma, Marc Ghislain Ngbwa et Romuald Landry Nguekam réalisés dans le cadre de l’#AFFCameroon avec le soutien de #Defyhatenow et soutien technique de #DataCameroon